Semaine de prière pour l'unité des chrétiens 2017

Publié le par Mapuanga terai

Le Conseil d’Églises chrétiennes en Allemagne

 

Le Conseil d’Églises chrétiennes en Allemagne (Arbeitsgemeinschaft Christlicher Kirchen = ACK) a été créé le 10 mars 1948, à savoir quelques mois avant la fondation du Conseil œcuménique des Églises, par des Églises membres de l’EKD, les mennonites, les baptistes, les méthodistes et l’Église vieille-catholique. En 1974, dix ans après l’adoption du Décret sur l’œcuménisme par le Deuxième Concile du Vatican, la Conférence des évêques catholiques d’Allemagne adhéra au Conseil des Églises. La même année, l’Église orthodoxe décidait d’en devenir membre également. Après la réunification de l’Allemagne, les Conseils d’Églises ouest-allemand et est-allemand fusionnèrent. Leurs structures et modes d’adhésion différents ont nécessité de créer un nouvel organe œcuménique jouissant de nouveaux statuts. Actuellement, dix-sept Églises adhèrent au Conseil d’Églises chrétiennes en Allemagne. Par ailleurs, six Églises sont des membres invités et quatre organisations œcuméniques ont le statut d’observateurs.

 

En 2003, lors du premier Kirchentag œcuménique à Berlin, des représentants de toutes les Églises membres de l’ACK ont participé à une célébration œcuménique commune et ont signé la Charta Oecumenica rédigée par la Conférence des Églises européennes (KEK) et par le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe pour l’Église catholique. L’ACK a publié un document de réflexion sur la signification de la Charta Oecumenica dans le contexte allemand et sur les modalités de son application en Allemagne.

 

 

En 2010, à l’occasion du second Kirchentag œcuménique à Munich, l’ACK a instauré une « Journée œcuménique de la création », mettant ainsi en application une des recommandations de la Charta Oecumenica. La Journée œcuménique de la création entend à la fois être un témoignage commun de notre foi en Dieu Créateur et nous rappeler notre mission commune, qui est de préserver la création de Dieu. Cette Journée de la création est célébrée tous les ans, le premier vendredi du mois de septembre. Elle a été célébrée pour la première fois par l’ACK dans une église orthodoxe à Brühl. Aujourd’hui, des célébrations ont lieu dans toute Allemagne. L’ACK encourage tous les chrétiens allemands à célébrer cette Journée pour laquelle il publie à l’avance du matériel utile pour l’organisation de temps de prières ainsi que des textes complémentaires visant à aider les personnes à préparer leur célébration.

Le baptême a également été un thème longuement débattu au sein du Conseil des Églises. En 2007, onze Églises membres ont signé un accord sur la reconnaissance mutuelle du baptême. Cependant, cinq membres du Conseil des Églises, parmi lesquels les mennonites et les baptistes, n’ont pu y souscrire. L’ACK a depuis approfondi l’étude de ce thème sur lequel a également porté une partie des discussions de son Assemblée générale. Un colloque ouvert à tous s’est tenue au mois de mars 2014. L’ACK a également engagé un travail sur ce thème avec le Conseil œcuménique de Finlande.

 

Les articles 10 et 11 de la Charta Oecumenica recommandent d’intensifier le dialogue avec les représentants du judaïsme et encouragent les échanges entre chrétiens et musulmans. En réponse, l’ACK s’est engagée avec trois organisations, une juive et deux musulmanes, dans une initiative intitulée « Weißt du, wer ich bin ? » (Sais-tu qui je suis ?) Grâce à celle-ci, les fidèles des trois religions ont été encouragés à apprendre à se connaître et à se lancer dans des projets communs au niveau local en recevant conseils et soutien financier. Une jeune femme musulmane est chargée de la coordination de ce projet qui est subventionné par des institutions publiques allemandes et européennes.

 

L’ACK a aussi beaucoup réfléchi au texte « Témoignage chrétien dans un monde multi-religieux » et a créé un groupe de travail chargé de coordonner l’étude de ce sujet. Lors d’un colloque qui s’est tenu en 2014, les représentants des Églises membres de l’ACK et de l’Alliance évangélique (AE) ont pu réfléchir ensemble à des questions telles que le témoignage et le dialogue interreligieux. Cela leur a permis de créer des liens plus étroits, si bien que l’AE a déposé une demande d’adhésion à l’ACK en tant qu’observateur.

 

Défis œcuméniques

 

L’un des principaux défis œcuméniques se posant à l’Allemagne est de garder un espace où les Églises les plus petites en taille puissent rencontrer, d’égal à égal, les deux plus grandes. L’Église catholique et l’EKD sont à peu près de même dimension et disposent des mêmes ressources. C’est la raison pour laquelle leur collaboration se fait de façon naturelle et couvre un large éventail de sujets, qui va des « mariages interconfessionnels » à la question des relations entre État et Église. Toutefois, cette collaboration strictement bilatérale empêche souvent les autres Églises et même l’ACK de participer au débat œcuménique. De fait, l’ACK a entre autres pour mission principale de rappeler qu’il n’existe pas uniquement deux Églises en Allemagne, et d’encourager et favoriser le dialogue et la coopération au niveau multilatéral.

 

Une autre difficulté à surmonter est la frustration que de nombreuses personnes ressentent, en particulier celles qui ont longuement travaillé au niveau local et ne voient plus aucun progrès dans le domaine œcuménique. Cette insatisfaction est encore plus vive lorsque la question évoquée est celle de ce qu’on appelle habituellement « l’hospitalité eucharistique », c’est-à-dire de la réunion autour de la Table du Seigneur de chrétiens de confessions différentes. En Allemagne, il existe de nombreux couples formés de conjoints appartenant à des Églises différentes. Ceux-ci n’aspirent pas uniquement à pouvoir recevoir ensemble la communion ; beaucoup sont en effet profondément convaincus que le mouvement œcuménique devrait être plus fécond qu’il ne l’est actuellement, et sont insatisfaits quand ils le voient stagner au lieu d’aller de l’avant avec détermination.

 

En Allemagne, beaucoup de gens ne connaissent pas vraiment la foi chrétienne, ne semblent pas intéressés à mieux la comprendre et encore moins à y adhérer. Si les Églises ont sérieusement à cœur leur mission qui est d’aller et de faire de toutes les nations des disciples du Christ (cf. Mt 28, 19), une de leurs priorités devrait être d’engager le dialogue avec ces personnes. Mais au lieu d’affronter individuellement ce défi, les Églises devraient y répondre ensemble, cette expérience leur permettant d’approfondir leur connaissance réciproque et de s’encourager mutuellement. Placer leur foi commune au centre de leur engagement ne peut que renforcer les liens qui les unissent. Par ailleurs, essayer ensemble d’expliquer de manière compréhensible ce en quoi croient les chrétiens peut aider les Églises elles-mêmes à connaître davantage leur propre foi. Le 500e anniversaire de la Réforme pourrait être l’occasion de rappeler publiquement à tous – chrétiens et non-croyants – ce que signifie en définitive être chrétien : croire en l’amour de Dieu, manifesté en Jésus Christ, pour nous les hommes et pour toute la création. C’est pourquoi les Églises d’Allemagne ont décidé que cet anniversaire serait avant tout une célébration du Christ.

Publié dans Aòraa

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